Le secret de la Larme d'Asha
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.
Le Deal du moment :
Funko POP! Jumbo One Piece Kaido Dragon Form : ...
Voir le deal

Aller en bas
Full
Full
Admin
Messages : 21
Date d'inscription : 30/08/2018
https://tear-of-asha.forumgaming.fr

BRUME - OS Full n° 2 Empty BRUME - OS Full n° 2

Ven 7 Juin - 22:16
Un nuage de fumée se mélangea à la légère brume environnante. Isaac venait d’expirer le produit toxique de cette cigarette qui finirait tôt ou tard par le tuer. Est-ce qu’il s’en fichait ? « Complètement » n’était pas un mot assez fort. Il avait sa propre vision de la vie après tout.

BRUME - OS Full n° 2 59eSEWy

Isaac était un véritable dieu vivant de la beauté : Grand, musclé, son teint très légèrement halé suivait à la perfection avec sa mâchoire carrée, faisant ressortir ses yeux d’un bleu océan et ses cheveux poivre et sel malgré son jeune âge. Ces derniers étaient toujours brossés en arrière,  et il les peignait très souvent avec ses doigts. C’était un geste devenu automatique, que ce soit lors de ses travaux qui demandaient réflexion, ou de conversation portant sur le magnifique fessier de la dernière stagiaire arrivé dans l’entreprise. Ou bien quand il affirmait l’avoir déjà mis dans son lit. Hop, ses doigts glissaient entre ses fins cheveux argentés pour les tirer en arrière.
Imberbe au niveau du visage malgré une chevelure volumineuse, Isaac avait aussi des traits sérieux et un air glacial la plupart du temps. Et quand il souriait, ce n’était jamais d’un rire franc, plutôt un sourire hautain qui faisait dégringoler l’estime de soi rien qu’à le regarder. En résumé, il était magnifiquement beau, l’air glacial et presque salaud, et il n’y avait peut-être pas une seule femme qu’il ne s’était pas occupé de son cas, sexuellement parlant.

Actuellement, cet être physiquement parfait prenait sa pause cigarette au sein de son entreprise. Tirant sur son roulé, il observait à l’air frais le magnifiquement ignoble horizon qui s’ouvrait devant lui. Au plus près de sa personne se trouvait les gratte-ciels qu’il comptait au nombre de douze. Un de ces buildings servait au stockage alimentaire, neufs autres pour les manœuvres et équipements militaires, et le dernier à la paperasse inutile et ennuyeuse des citoyens, des taxes et (au passage), du rationnement des denrées et effets personnels de chacun. Pourquoi inutile ? Parce qu’au moins 10 % de la population n’était pas dans leurs registres. Et qu’au moins 20 % de la population enregistrée était décédée de manière brutale, illicite et cachée. Beaucoup de monde mourrait d’une balle de son voisin, ou de la machette du gang du coin. Les bas-fonds de cette cité ressemblaient plus à une définition proche de l’enfer plutôt que d’un simple bidonville construit de ci, de là. Le taux de criminalité atteignait des sommets similaires aux temps de guerre, comme si la cité était elle-même un champ de bataille.
Et pourquoi ennuyeuse ? Parce qu’Isaac voulait faire bouger ce putain de monde, et que ce n’était pas en remplissant des papiers qu’on y arrivait.

L’homme continuait à scrutait ce fameux paysage qu’il connaissait si bien. Derrière les hauts bâtiments qu’il surplombait, une sorte de barrière invisible entourait la ville. Il s’agissait du Dôme, le mur qui les protégeaient de l’extérieur.
Une bourrasque de vent fit tituber le beau jeune homme qui se tenait appuyé par l’épaule sur une poutre. Tenant sa cigarette d’une main, il se rattrapa du mieux qu’il put pour éviter toute chute qui lui aurait été, de toute façon, mortelle. Isaac, après la rafale passée, revint se caler contre la poutre en métal, qui soutenait parfaitement son poids, puisqu’elle était une des pièces maîtresses du douzième bâtiment que le jeune homme n’avait pas mentionné. Il scruta alors sa cigarette pour être sûre qu’elle ne se soit pas éteinte (parce que, bon Dieu, le gaz était cher actuellement!), puis reprit sa dangereuse pause détente.
Dangereuse ? Oui, car il se tenait actuellement au soixante-treizième étage du plus haut building de la ville, dans une zone en travaux, interdite au public car elle n’était aucunement sécurisée. Il n’y avait ici que barre de métal et boulons, l’extension du bâtiment avait à peine débuté. Pour lui, tout était bon ! La poutre de métal ne cédait pas sous ses quatre-vingts dix kilos de bogossitude, alors pourquoi s’inquiéter ?

Amenant de nouveau à sa bouche la cibiche, il fut coupé dans son élan par des pas doux et réguliers derrière lui. Il n’avait qu’à entendre le bruit des talons rencontrant le sol pour savoir de qui il s’agissait. Et surtout, il n’y avait qu’une seule autre personne capable d’aller le chercher dans un endroit pareil !

- « Sweety, vient pas là, tu pourrais tomber. » Dit-il en se tournant, ne faisant même pas attention que son pied était à trois centimètre de la fatale dégringolade.

- « Tout le monde te cherche, Isaac. »

Devant l’homme se tenait une demoiselle d’environ un mètre soixante, les cheveux courts et des yeux resplendissants. Toute personne inconnue jurerait qu’elle était albinos, et ce n’était peut-être pas totalement faux. Elle était également fine, et … Et passons au plus important, bordel, qu’est ce qu’elle était bien foutue ! Une poitrine remarquablement bien formée, un fessier qui faisait pâlir d’envie chaque femme présente sur cette terre, un teint porcelaine qu’il donnait l’impression de briller face aux lueurs du soleil, une bouche naturellement rosée qui pouvait charmer n’importe quel foutu mammifère de sexe masculin ! Isaac pouvait passer des heures à décrire cette bombe sexuelle qu’il avait sous les yeux.
Décrire la seule femme qu’il n’avait jamais toucher.

- « C’est pas deux minutes qui vont les tuer, ils attendront encore un peu. Pas trop stressée ?»


- « Un peu. Je ne suis « sortie » que peu de fois ! »

Malgré son anxiété prédite, la demoiselle un petit rire naïf digne d’un enfant. Voyant cela, Isaac lui rendit un léger sourire. Un sourire tendre qui cassait totalement la froideur qui l’entourait constamment. Mais une fois la seconde écoulée, le masque de glace se replaçait sur son visage. Il tira sur sa cigarette et fit mine de regarder sa montre. Il allait bientôt être dix heures du matin.
Ils auraient du partir depuis six heures du matin. Et c’était lui qui faisait indéniablement traîner le départ de l’expédition.

En effet, une situation d’urgence s’était déclenchée au sud de la cité. Une forme épaisse de brouillard se serait abattue sur une petite ville où habitait une centaine de personnes. La bourg n’était pas protégée par le Dôme, et ces Cents n’étaient reclus que par leur propre volonté. Ils souhaitaient garder un minimum de confort de vie, en échange, chaque monstre errant pouvait les éradiquer en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire. Et quand on parlait de monstre errant, on ne parlait pas de hyène, de tigre ou de loup comme était auparavant peuplé notre tendre et douce terre. Les monstres de maintenant étaient… différents.
Ignorant totalement les avertissements de la cité qui demandaient à ce qu’ils rallient le Dôme, ils avaient perdu contact durant l’un de leurs longs discours rempli d’arguments et de marchandages, où ils avaient entendu un bruit strident ressemblant très fortement à un cri avant d’entendre l’interminable bruit blanc de l’émetteur.
L’état d’alerte avait été déclenché à quatre heures ce matin, et l’équipement nécessaire ainsi que les véhicules devaient être prêts pour cinq heures. Une fois le personnel sur place, l’appel aurait été fait et le départ se serait fait à cinq heures et demi.

Sauf qu’Isaac avait déserté son poste au moment de l’appel, et comme il était un élément majeur des expéditions et des nouveautés scientifiques mises en place récemment, ils ne pouvaient pas partir sans lui. Sauf que, petit aparté, Isaac avait un caractère j’en-foutiste, impulsif, grossier et impossible à vivre qui mettait tout le monde à bout. Bien heureusement pour lui, il avait en lui un véritablement talent scientifique, une prédisposition complète à la science. Son unique but d’être né était d’apporter son savoir au monde. Puis la cendre retournerait à la cendre. Il aurait marqué l’histoire de son talent.
C’était ce que la plupart des gens pensaient de lui. Il était un connard avec des connaissances extraordinaires. Qu’il donne tout ce qu’il a, puis qu’il aille crever dans un coin, le monde s’en porterait mieux.
Du coup, comme Isaac n’en faisait qu’à sa tête, tout le monde l’attendait en perdant patience depuis plus de cinq heures.

- « Daddy.. Il faut y aller, maintenant… Des gens nous attendent. »

Le visage d’Isaac se crispa lors de cette appellation.

- « Ne m’appelle pas comme ça, Full. » Dit il en tirant une nouvelle fois sur sa cigarette.

- « Dadd-.. »

BRUME - OS Full n° 2 G9i13V8

La colère envahit le corps de l’homme aux cheveux poivre et sel, il ne se fia plus qu’à ses pulsions, et là il avait envie de crier comme il le faisait régulièrement. Il hurlait souvent sur les autres pour évacuer sa colère autrement que par les poings. Et même si Full était la seule à lui tirer un sourire tendre, il n’hésitait pas à la réprimander en haussant le ton.
Sauf que dans ses instants là, lorsque la colère l’envahissait, il n’était plus vraiment lui, juste une tension à évacuer de toute urgence. Et il ne faisait attention à rien d’autre, la colère lui mettait des œillères. Pas même au fait que son pied avait glissé et qu’il allait maintenant chuter du soixante treizième étage.  

Le cœur d’Isaac se souleva pendant une demi-seconde, lui lançant une vive douleur dans la poitrine. Celle de la peur. Il sentit sa cigarette lui glisser des doigts, et son autre main manqua la barre de métal, l’unique point d’accroche qu’il avait.
Il eut l’impression que des minutes entières s’écoulèrent rien qu’en cet instant. Voyait-il sa vie défiler comme s’il avait l’iris braqué dans les fentes d’un zoo-trope ? Non, sa vie ne méritait même pas d’être revu. Il n’était qu’un moins que rien à qui on avait greffé un cerveau. Personne ne le pleurerait. Sauf ..

Isaac ne chuta pas. Une main l’avait rattrapé in extremis.
Full tenait fermement son poignet de l’homme. Elle était la seule chose qui le maintenait à la plateforme. Son doux visage s’était teint d’un sérieux inattendue chez la demoiselle. Enfin, il était difficile de décrire l’état actuel de Full puisque ses yeux s’étaient transformés en deux concentrés d’énergie bleutée. Elles virevoltaient, indomptables, comme des flammes s’échappant de son âtre.
Isaac ne s’en inquiéta pas. Ce qui l’angoissait à cet instant, c’est d’être à une bonne centaine de mètres du vide.
Tout cela s’était passé en moins de deux secondes. Full avait aidé Isaac à se replacer sur les fondations stables de la zone en travaux et ses yeux revinrent à la normale. L’homme n’osait même plus regarder en bas parce qu’il savait ce qu’il serait devenu : Juste un tas de chair explosé qui aurait traumatisé femme et enfant à l’impact, à qui l’on aurait réalisé un test ADN et seulement à cet instant ils auraient reconnu Mr Isaac Rosenwald.
Ce gros con d’Isaac Rosenwald. Certains auraient certainement craché sur sa dépouille (où ce qu’il en serait resté) avant qu’il ne soit incinéré. Pas de place pour les morts sous le Dôme.
Personne ne l’aurait pleuré.
Sauf peut-être elle.

La personne qui se serait écroulée de chagrin se tenait devant lui. Cette gamine aux airs de femme. Cette femme aux airs de gamine. Celle qu’il surnommait « Sweety », qu’il avait nommé « Full », et qui, officiellement et aux premières heures de sa vie, s’appelait « A08 ».



Il s’écoula approximativement dix minutes avant qu’Isaac et Full n’arrivent au hangar. Comme tout était prêt depuis trois heures, la foule qui attendait le dernier arrivant se retourna comme un seul homme, jugeant du regard ce salopard qui ne pensait qu’à sa gueule.
L’homme aux cheveux grisonnants ne baissa pas une seule fois le regard face à la bonne centaine d’hommes qui se trouvait dans la pièce. Il avança, l’air de rien, jusqu’au bord de l’engin qui allait les mener sur place.
Il s’agissait d’un 4x4 avec la largeur d’un bus, blindé d’un métal bien particulier qu’Isaac avait réussi à synthétiser peu de temps après le début de son exercice de scientifique : L’iridium. A la fois très résistant et léger, les carrosseries des véhicules encore en état de fonctionnement en ont été recouvertes afin de permettre les expéditions en dehors du Dôme, chose impossible avant l’arrivée d’Isaac. Les néons renvoyaient une agréable couleur bleue nuit tellement les plaques d’iridium étaient concentrées sur ce véhicule, et ce n’était pas pour faire joli :  Ils allaient emprunté le seul et unique moyen de locomotion d’urgence de la cité. La situation était pire qu’il ne le craignait.

- « Mr Rosenwald ! Votre tenue et celle d’A08 sont prêtes, v-... » interpella un jeune homme de moins de dix sept ans.

- « Pas besoin, je suis déjà habillé. Donne moi juste ma mallette. »

Le jeune garçon n’obtempéra pas. Il connaissait le caractère du scientifique.
Prenant sa mallette, Isaac voulu monter dans le véhicule mais Full prit la parole :

- « Merci pour la mallette ! » Dit-elle au jeune garçon qui, l’adolescence déjà bien encré dans son corps, rougit à la simple vue de la magnifique femme qui venait de lui parler. Que dis-je, qui venait de le remercier !!
Isaac se stoppa net, un pied dans le véhicule. Son regard passa de Full au garçon, et vice-versa. Un silence presque mortuaire s’était installé dans le hangar. Seuls Full et Isaac semblait ne pas l’avoir remarqué. Ou alors il n’entraient pas dans le jeu des autres personnes présentes, à scruter la scène sans rien dire, gênées.
Finissant sa valse entre la demoiselle et le jeune homme, ses yeux se posèrent sur le gamin. Dans un murmure, il marmonna des mots audibles uniquement à ceux qui tendaient l’oreille.

- « Ouais… mercipourlamallette .. »

Et il entra dans le véhicule, laissant des murmures de surprise dans son dos. Full le suivit sans piper mot, mais elle n’était pas sourde. Elle entendait les discussions des préparateurs qui n’en revenaient pas : Isaac avait été poli et avait remercié le jeune garçon. Ce dernier, pour information, resta planté devant le véhicule jusqu’à ce qu’il démarre. Il ne détourna le regard que quand il sortit de son champ de vision.

- « Tu as bien entendu ? Même s’il a marmonné, il a remercié le gamin ! »

- « Qu’est-ce qui lui arrive ? Ne me dit pas que c’est cet évènement tragique qui l’a métamorphosé ? »

- « Tragique, le mot est correct pour nous mais pas pour lui. Je pense qu’il n’a même pas versé une seule larme ! Non, as-tu bien vu ? C’est depuis l’arrivée du prototype de guerre, A08. »

- « Oui, tout ce que je sais, c’est qu’il a géré les calculs avec sa petite équipe. Tu penses qu’il y a un lien ? »

- « Tu ne connais pas toute l’histoire, toi ! Isaac est entré dans la chambre de fusion pour aller chercher le prototype ! Elle aurait été apeurée par les gestes des scientifiques autour d’elle et aurait été prête à faire feu ! Isaac a fait évacuer la salle et il est entré dans la pièce pour la raisonner. Il est sortit de la pièce avec A08 dans les bras. »

- « Je n’étais pas au courant ! Connaissant Isaac, tu crois qu’il couchent ensemble ? »

- « Il s’excite sur tout ce qui bouge, tant que la chose est de sexe féminin ! »

Pour entendre cette conversation, Full s’était stoppé dans son action, un pied dans le véhicule. Elle sentait ses muscles se contracter. Sa tête lui fit l’effet d’une allumette que l’on venait de craquer. Elle avait l’impression qu’un feu gigantesque s’était éveillé en elle en moins d’une seconde, il s’agissait là d’un braiser qui la consumerait si elle ne criait pas sur ces deux personnes qui discutaient dans leur dos. Qui insultaient Isaac. Elle voulait hurler, se défouler, pointer son canon dans leur direction et tirer. Cette sensation lui faisait presque mal et elle avait envie que, eux aussi, aient mal.
Quelle était cette sorcellerie ? Full ne comprenait pas ce qu’elle ressentait, c’était désagréable, cette force semblait pouvoir lui faire faire n’importe quoi, et qu’elle n’arriverait jamais à retenir ses gestes. Full avait l’impression qu’il fallait naître avec un don pour maîtriser cette sensation qui partait au quart de tour. C’était comme si le souffre qui enduisait l’embout de l’allumette ne se consumait jamais, que la composition chimique s’enflammait constamment. C’était comme une déflagration qui jamais ne se tarissait.
Puis une voix familière brisa cette bulle dans laquelle Full était prisonnière. Il s’agissait d’Isaac.

- « Tu as encore besoin d’aller chercher quelque chose ? »

Full resta une demi seconde médusée, le temps que son esprit face la transition entre la sensation innommable et le bien-être qui lui conférait l’homme aux cheveux argentés.
Secouant la tête de droite à gauche, elle balaya sa colère (voilà cette émotion qu’elle n’arrivait pas à nommer) et vint s’asseoir à ses côtés en bouclant sa ceinture. Comme Isaac était le conducteur, la demoiselle se retrouva première passagère. Elle allait pouvoir observer encore un peu mieux le dehors cette fois-ci, mais elle sentit en elle comme une pression, un poids sur son ventre ainsi une boule dans la gorge. Isaac lui avait expliqué qu’il s’agissait de la peur, de l’angoisse. Il s’agissait d’une système de défense du corps et de l’esprit face à un danger. Elle était d’accord avec lui… mais pourquoi était-elle heureuse en même temps ?
Le moteur démarra, et Isaac régla l’onde radio du véhicule. Après quelques bruits blancs et des sons oscillants, il se connecta sur la fréquence habituelle pour toute personne voulant passer le Dôme.

- « Ici Isaac, on va passer le Dôme pour la mission de sécurisation au sud d’ici. »

- « Bien reçu » répondit une voix grésillante, « On compte trois cents quarante six mètres avant l’atteinte du Dôme, est-ce exact ? »

- « Trois cents quarante quatre. » Rectifia Isaac.

- « Es-tu s-... »

- « Oui je suis sûr ! Si t’es pas content, tu iras te plaindre pour qu’on arrête de mettre des stagiaires sur les déploiements d’urgence ! Maintenant je vais démarrer, tu sais exactement comment je procède, alors arrête de me poser des questions inutiles comme ça, Megi, avant que je ne m’énerve ! »

Son interlocuteur ne répondit rien. Isaac était déjà énervé, il avait haussé le ton, mais c’était habituel.
Qui ne dit mot consent, le scientifique fit avancer de véhicule. Des camions prirent sa suite. A des points précis de la ville, qui transmettait sa position ainsi que sa vitesse de conduite (qui n’excédait pas les trente kilomètres heures), cela permettait aux ingénieurs de désactiver le Dôme à l’instant précis où ils passeraient, mais surtout qu’Isaac et Full ne finissent pas réduit en cendres par la puissance écrasante du Dôme. L’énergie du Dôme n’étant pas parfaitement stable à la mise en place et au retrait du mur de puissance, elle n’était qu’un amas instable de molécules qui pouvaient carboniser un bras sans difficulté. Voilà pourquoi la gestion de cette énergie demandait tant de préparation, il fallait se protéger de deux choses : de l’énergie et des choses, dehors, qui rodaient.

Il restait vingt mètres à parcourir pour Isaac avant qu’il ne soit dehors. Tout se déroula en quelques secondes à peine. Atteignant les quinze mètres, l’épais mur transparent se dissout pour devenir un voile multicolore, irisé, qui semblait aussi magnifique que destructeur.

BRUME - OS Full n° 2 RBhptO4

Isaac passa sans s’arrêter, ni même ralentir. Il pouvait signer leur fin à tous dans ces conditions. Sans un regard un arrière, il avança alors que les autres véhicules le suivaient toujours. Puis quelques secondes après la sortie du dernier engin, l’irisation disparut et fit de nouveau place au mur transparent du Dôme.
Ils étaient maintenant enfermés dehors.
Full
Full
Admin
Messages : 21
Date d'inscription : 30/08/2018
https://tear-of-asha.forumgaming.fr

BRUME - OS Full n° 2 Empty Re: BRUME - OS Full n° 2

Ven 12 Juil - 16:07
Le sable régnait en maître depuis le début de l’escapade. Les roues dégonflées avaient été préparées à l’avance, dans le hangar, et permettaient de rouler sans trop de difficulté dans ce sablon.
Isaac trépignait d’impatience dans le 4x4. La vitesse était limitée pour éviter de s’enchevêtrer ou de perdre le contrôle du véhicule. Mais on le voyait triturer ses cheveux, passer sa main contre son front, ou encore marmonner quelques mots dont le champ lexical était très loin de celui de la religion.
Assise à côté de lui, Full regardait le paysage aussi vide que magnifique. Il était tellement différent de celui de la cité. Au loin, elle pouvait distinguer des décombres comme des murs de maisons tenant à peine debout, ou bien des morceaux de battisses éparpillées, où il était seulement possible d’imaginer des gens vivre ici.

Après l’interminable répétition de paysage, le voyage s’acheva au bout de deux longues heures de route. Le temps ensoleillé s’était fortement couvert de nuages noirs, mais aucune pluie de s’abattit sur les voyageurs. Isaac n’avait qu’une seule envie, c’était de sortir du véhicule pour se dégourdir les jambes ! Mais là, il était à l’extérieur du Dôme. Et il réfléchissait à deux fois avant de faire le moindre geste.
Quand Full descendit du véhicule, le conducteur lui emboîta directement le pas. Ils se rejoignirent devant le 4x4 pour observer de plus prêt le paysage apocalyptique qu’ils avaient devant les yeux :
A l’endroit même où se trouvait le village à secourir se formait une épaisse couche de brume. Mais bien plus qu’un simple brouillard, il était tellement épais qu’il semblait vain de passer à travers. La brume bougeait très lentement, mais sans jamais quitter un possible centre de gravité. Il stagnait sur lui même sans jamais s’éloigner de sa position de départ.

Isaac s’était perdu dans sa contemplation quelques secondes, et quand il revint à lui, il s’aperçut qu’ils n’étaient que deux dehors. Se tournant vers les autres véhicules qui avaient eu le temps de s’amarrer derrière lui, rien ne bougeait : Les accompagnants avaient trop peur de sortir, de se faire happer par on ne sait quelle horreur, et l’amas de brouillard rajoutait une pression supplémentaire.
Il ne pouvait pas blâmer ses coéquipiers. N’était-il pas normal de se sentir aussi hésitant et frêle que quand le monde annonce son apocalypse sans crier gare ?
Mais avec des gens comme ça, le monde n’avance ça. Il ne stagne pas non plus.
Il s’enfonce et se morfond jusqu’à se tuer lui-même.

Isaac planta son regard une nouvelle fois dans la brume. Tellement de questions se bousculaient dans sa tête : La brume était-elle traversable ? N’était-elle pas toxique ? Si oui, restait-il des survivants ? Et si non, restait-il des survivants ? Y avait-il des monstres à l’intérieur ? Si oui, combien ? Ou alors tout cela n’était qu’un événement du dérèglement climatique ? Un aléa de la nature capable d’interférer dans les relations radios, et qui aurait couper la communication comme ça, pouf ! Et c’est tout ?

L’heure n’était plus à penser, il fallait y aller.
Alors qu’il se retournait pour préparer le matériel de Full, il tomba nez à nez avec la demoiselle simplement équipé  d’une sacoche de survie : Eau, vivres, fusées de détresse, quelques soins, une clef passe-partout, et quelques autres futilités pour l’être qu’était Full.

- « Je crois qu’on s’est mal compris sur le verbe « s’équiper ». » lança Isaac.

- « Il ne me faut que ça. »

- « Non, il ne te faut pas que ça ! »

- « Mais si ! Fait moi confiance ! »

Sur la question de confiance, Isaac se faisait rabâcher les oreilles qu’il en accordait trop à la demoiselle. Il hésita un moment, croisant les bras et regardant aux alentours, puis finit par regarder la demoiselle dans les yeux. Ce petit rituel, c’était la façon à Isaac de dire « Va-y, tu as gagner ! ».
Alors Full le remercia d’un de ses chaleureux sourires. Puis elle articula :

- « Je serais de retour dans deux heures et trente minutes. Je te confirmerai la présence de survivants  et si des monstres sont prés-.. »

Full n’eut pas pas le temps de terminer sa phrase qu’Isaac lui avait attrapé le poignet. Son regard était toujours planté dans le sien, mais cette fois-ci, une lueur macabre brillait dans ses yeux. Cette même lueur que lorsqu’on entrevoit la mort.

- « Fait attention à toi. C’est tout ce que je veux que tu me confirmes. »

Quelques secondes s’écoulèrent avant que Full ne donne sa réponse. Elle n’était pas encore habituée à ce reflet de désespoir qu’elle pouvait lire dans ses prunelles.

- « Oui. Je ferai attention. »

Puis elle avança d’un pas, Isaac lâcha le poignet de la demoiselle et la regarda s’éloigner vers la brume. Malgré la promesse que venais de lui faire Full, il avait l’impression que plus jamais il ne la reverrai de sa vie. Comme à chaque fois qu’elle partait en expédition.
Et ça lui déchirait le misérable petit morceau de cœur qui lui restait.
Revenir en haut
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum